01/10/2013
Jean XXIII et Jean-Paul II : ni "progressiste" ni "conservateur", mais tout autre chose !
![42257_jean-paul-ii-jean-xxiii_440x260[1].jpg](http://plunkett.hautetfort.com/media/02/00/3764652861.jpg)
Radio Vatican :
« Le 27 avril prochain, le pape polonais Jean Paul II et le pape italien Jean XXIII seront canonisés lors d'une célébration unique... »
« ...Le pape François l'a annoncé lundi matin lors d'un consistoire ordinaire public. Devant les cardinaux, le pape a confirmé que ces deux figures importantes de l'Eglise catholique, Karol Wojtyla et Angelo Giuseppe Roncalli, papes respectivement entre 1978 et 2005 et entre 1958 et 1963, seront déclarés saints. »
Des radios cherchent quoi dire là-dessus, et, hélas, elles trouvent : selon elles, cette décision du pape François serait « pour concilier la droite et la gauche en canonisant en même temps un pape progressiste et un pape conservateur. » Phrase dénuée de sens.
Jean XXIII n'était pas « progressiste », Jean-Paul II n'était pas « conservateur ». Ces deux épithètes ne veulent doublement rien dire :
a) ce que ces médias considèreraient comme un « progrès » dans le catholicisme n'a rien à voir avec le catholicisme ;
b) ces médias veulent commenter, mais ne veulent pas savoir. Ils disent "progressiste" en pensant "Vatican II", mais ils ignorent ce qu'a fait ce concile et ce que Jean XXIII voulait en le convoquant. Ils ignorent que Karol Wojtyla (comme Joseph Ratzinger) furent des acteurs d'avant-garde à Vatican II. Et, sur le plan « sociétal », ils ignorent les positions contestataires de Jean-Paul II envers le matérialisme occidental et la société productiviste de consommation, par exemple son message écologique radical du 1er janvier 1990 ; positions qui n'avaient vraiment rien de conservateur au sens actuel (étatsunien) du terme ; positions de Wojtyla réexprimées et renforcées par Benoît XVI, et très concrètement - alleluia - par François.
Ne jetons pas la pierre aux journalistes. Certains ne demanderaient pas mieux que d'apprendre ces choses. Combien d'entre nous sont-ils prêts à aller les leur expliquer ? Combien en sont-ils informés ? « Sortez de vos lieux de confort mutuel », nous dit le pape Bergoglio !
10:42 Publié dans Eglises, Idées, Médias, Pape François, Témoignage évangélique | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : jean xxiii, jean-paul ii, benoit xvi, pape françois
Commentaires
S'INFORMER, POUR INFORMER... LES JOURNALISTES
> "Ne jetons pas la pierre aux journalistes. Certains ne demanderaient pas mieux que d'apprendre ces choses. Combien d'entre nous sont-ils prêts à aller les leur expliquer ?"
Sans jeter la pierre "aux journalistes", cela ne fait il pas partie de leur travail de fouiller, farfouiller, rechercher, etc... afin de parler un peu en connaissance de cause ? Sans être malveillants pour autant ne sont ils pas en faute ?
Gégé
[ PP à G. - Si, bien sûr. mais là il ne s'agit pas seulement de farfouiller, ils'agit de s'initier à un univers de l'esprit qui n'a rien à voir avec le climat libéral-libertaire dans lequel baignent les salles de rédaction (pour des raisons de classe, les journalistes se recrutant surtout dans le milieu bobo). Il fait donc les aider. Mais pour ça, il faut que les cathos français s'informent eux-mêmes de ce que dit le Magistère : or beaucoup ne le font pas, préférant, comme le leur reproche le pape, "parler en permanence" des deux ou trois mêmes sujets, plus cinq ou six autres qui ne font pas partie du catholicisme mais d'une idéologie séculière clivante... ce qui handicape gravement l'évangélisation. Relisez à ce sujet l'entretien de François aux revues culturelles jésuites, véritable feuille de route de la nouvelle évangélisation ! ]
réponse au commentaire
Écrit par : Gégé / | 01/10/2013
COMMUNIQUER LA FOI
> " Cité du Vatican, 30 septembre 2013 (VIS). Le Conseil pontifical pour les communications sociales explique dans une note publiée ce jour, le sens et le contexte du thème choisi par le Pape (La communication au service d'une authentique culture de la rencontre) pour la prochaine Journée des communications sociales (1 juin 2014): "L'être humain s'exprime surtout par sa capacité à communiquer. Dans la communication et à travers elle, nous pouvons, en effet, rencontrer d'autres personnes, nous exprimons notre pensée, ce en quoi nous croyons, comment nous souhaitons vivre et peut être le plus important, nous apprenons à connaître les personnes avec lesquelles nous sommes appelés à vivre. Une telle communication exige honnêteté, respect réciproque et effort pour apprendre les uns des autres. Cela exige la capacité de savoir dialoguer respectueusement avec les vérités des autres. Effectivement, souvent, ce qui initialement semble diversité révèle la richesse de notre humanité, et dans la découverte de l'autre nous rencontrons aussi la vérité de notre être.
A notre époque, une nouvelle culture se développe, favorisée par la technologie, et la communication est en un certain sens amplifiée et continue. C'est pourquoi, nous sommes appelés à "faire découvrir, même par les moyens de communications sociale, mais également par la rencontre personnelle, la beauté de tout ce qui est à la base de notre marche et de notre vie, la beauté de la foi, la beauté de la rencontre avec le Christ" (discours du Pape François aux participants à l'assemblée plénière du Conseil pontifical pour les communications sociales, 21 septembre 2013). Dans ce contexte, chacun de nous devrait accepter le défi d'être authentique, témoignant des valeurs en lesquelles il croit, son identité chrétienne, son expérience culturelle, exprimés par un langage nouveau pour les faire partager. La capacité de partager, reflet de notre participation à l'Amour trinitaire créatif, communicatif et unifiant, est un don qui nous permet de croître dans les relations personnelles qui sont une bénédiction dans notre vie, ainsi que de trouver dans le dialogue une réponse à ces divisions qui créent des tensions à l'intérieur des communautés et entre les nations. L'ère de la mondialisation permet à la communication de parvenir jusqu'aux endroits les plus éloignés du monde réel, mais aussi "dans les milieux créés par les nouvelles technologies, dans les réseaux sociaux, pour faire émerger une présence...qui écoute, dialogue, encourage" (Discours du Pape François aux participants à l'assemblée plénière du Conseil pontifical pour les communications sociales, 21 septembre 2013), de façon à ce que personne ne soit exclu.
Le Message pour la Journée des communications sociales 2014 invite à explorer le potentiel de la communication dans un monde toujours connecté et en réseau afin que les personnes soit encore plus proches et qu'un monde plus juste se construise. La Journée mondiale des communications sociales, seule journée mondiale instituée par le Concile Vatican II (Inter Mirifica, 1963), est célébrée dans de nombreux pays sur recommandation des évêques du monde, le dimanche précédent la fête de la Pentecôte (1 juin en 2014). Le Message du Saint-Père pour cette journée est traditionnellement publié à l'occasion de la fête de saint François de Sales, patron des journalistes (24 janvier)".
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Écrit par : luça / | 01/10/2013
TRÈS GRANDE DECISION
> C'est une très grande décision que ces deux canonisations ! Chacun à sa manière et en son temps a favorisé l'unité du genre humain et son épanouissement dans la diversité. Le plus fort reste à mon avis ce concile vatican 2 et l'appel du bon pape jean à "tous les hommes de bonne volonté". Aujourd'hui encore on est à des années lumières de l'état d'esprit évangélique auquel il appelait si clairement, et François Hollande avec sa politique clivante jusqu'à la méchanceté gratuite, systématique, délibérée a eu ce mérite: mettre en relief nos contradictions internes et intrinsèques, nos limites "évangéliques", si vous préférez. Partout où il y aura l'homme il y aura de l'hommerie, donc essayons de faire au mieux sans "se croire".
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Écrit par : christ hope / | 01/10/2013
ROYALEMENT
> On se fout royalement de ce que disent les radios. Ce n'est ni la première, ni la dernière fois qu'elles salissent l'image de l'Eglise avec des histoires de capotes et autres.
Jean-Paul II et Jean XXIII béatifiés ensembles, c'est bien plus qu'un "gain de temps pour aller plus vite". Jean XXIII, c'est celui qui a voulu faire entrer l'Eglise dans le monde moderne, sans édulcorer son message mais en l'envoyant en mission plutôt que de la reclure dans une position défensive. Jean-Paul II, c'est celui qui a levé une foule de fidèles en l'incitant à entrer dans l'espérance en lui disant "n'ayez pas peur".
Ce "coup double" du pape François est prophétique. Il témoigne d'une Eglise qui va de l'avant, qui ne cherche pas à systémiser une pensée toute faite, ni à camper sur son patrimoine même spirituel mais qui cherche à découvrir le mystère de Dieu en dehors d'elle même. En parfaite ligne droite de tout ce qu'il a dit depuis le 13 mars.
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Écrit par : Cyril B / | 01/10/2013
UN PROBLÈME DE FONCTIONNEMENT
> Le ressassement ininterrompu des lieux communs journalistiques ineptes sur les papes « progressistes » ou « conservateurs », relève-t-il d'un simple problème individuel de sous-information ou de mauvaise volonté des journalistes sur la réalité de ce qu'est l'Eglise à la lumière de la foi, ou, plus obscurément, d'un problème structurel, lié au fonctionnement même des médias dominants, comme instance de propagande, de divertissement, et de confusion des esprits, ayant grandement intérêt à réduire l'Eglise dans les catégories mondaines et étroites de « la droite » et de « la gauche »?
Ainsi étouffé ou normalisé médiatiquement et politiquement, le mystère de l'Eglise et des papes prophètes qui la guident n'en serait que moins subversif. Croit-on...
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Écrit par : Serge Lellouche / | 01/10/2013
REPORTAGE
> Un reportage (?) sur France 3 présentait la nouvelle évangélisation comme le moyen choisi par Jean-Paul II d'en finir avec Vatican II...
Titre du reportage : "la guerre perdue du Vatican", film de Patrick Benquet
Pour lui, le Vatican a "perdu la guerre" car l'Eglise n'a pas réussi à appliquer Vatican II puisqu'elle ne fait pas les débilités des années 70: l'Eglise a donc "cédé aux intégristes".
Conclusion qu'on en tire : Patrick Benquet n'a pas étudié Vatican II.
Tout cela se comprend dans l'herméneutique de la continuité dans le domaine théologique bien sûr mais aussi en ce qui concerne les personnalités des papes successifs.
Il n'y a pas de contradiction entre un Pie XII et un Jean XXIII, si on le croit cela révèle la nécessité de connaître mieux leurs enseignements. Mais chacun y fait son marché, prenant ce qui l'arrange.
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Écrit par : E Levavasseur / | 01/10/2013
FORMATAGE
> Le problème du journalisme est le même que celui qui a poussé Xavier Niel à fonder SON école d'informatique sans conditions de diplômes: le conformisme et l'éducation réduite à un formatage industrialisé. Le Pr Lachaume, éminent publiciste, déplorait déjà au temps de mes études ce que Voltaire dénonçait avant lui: on forme des têtes bien pleines plutôt que des têtes bien faites. Je ne vois pas bien l'intérêt d'un élitisme consistant à former les premières si c'est pour ne rien en faire de vraiment exploitable. L'information souffre de ce même mal du conformisme et de la pensée zéro.
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Écrit par : christ hope / | 01/10/2013
LES TEXTES ET LEUR LANGUE
> "il faut que les cathos français s'informent eux-mêmes de ce que dit le Magistère" C'est vrai, et ce sera peut-être plus facile avec le pape François et son style direct qui commence à percer le brouillard.
Car permettez moi de rappeler que les textes dudit magistère n'étaient pas souvent accessibles, et encore moins toniques: dans un style lourd, précautionneux, trop savamment équilibré, sombrement compassionnel, beaucoup de documents n'ont pas des "gueules de sauvés", en particulier en France. Alors il ne faut pas s'étonner que les médias dominants se cantonnent aux petites phrases qui touchent leur microcosme, comme a raison de le noter Serge Lellouche, et que peu de fidèles les lisent et passent par des résumés lisibles mais biaisés.
Quant à la double canonisation, il est seulement dommage que Pie XII qui a assumé sa charge écrasante pendant une des pires période de l'histoire soit, pour l'instant, recalé.
PH
[ PP à PH :
- François interdit la langue de buis. Avec lui, les cathos français doivent renoncer autant au brouillard d'enfouissement qu'aux slogans identitaires. C'était plus qu'urgent.
- Pas d'accord avec vous sur Pie XII : non à son propos bien sûr, mais en tant que "troisième" d'une éventuelle triple canonisation. Le symbole Roncalli-Wojtyla est très pédagogique, voire thérapeutique, et c'est sans doute ainsi que François le voit puisqu'il veut relancer Vatican II ;
Pie XII représente autre chose. ]
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Écrit par : Pierre Huet / | 01/10/2013
JOURNALISTES
> Les journalistes cherchent-ils à s'informer ? je ne suis pas spécialiste de l'histoire des papes ni de du catholicisme mais avec un peu réflexion on peut se dire que le pape François a ainsi voulu marquer la continuité des papes (Pie XII avait élevé en 1953 cardinal le futur Jean XXIII, élu en 1958, auquel Pie XI s'était contenté de donner un poste honorifique). Ainsi c'est grâce à Pie XII que l'on a eu Jean XXIII initiateur de Vatican II.
Une simple lecture de Wikipédia suffit pour savoir que pour autant Jean XXIII ne peut être taxé de progressisme puisqu'on y lit "lui qui est conservateur sur le plan moral", ou encore "il condamne ainsi, en 1957, 'les cinq plaies crucifiant aujourd'hui : l'impérialisme, le marxisme, la démocratie progressiste, la franc-maçonnerie et la laïcité' ", ce qui peut faire lien avec l'attitude de JP II
On peut aussi y trouver des similitudes avec le pape François, puisqu'on peut encore y lire "28 octobre 1958 élu pape, choisit un nom inutilisé depuis 500 ans, marque un changement de style de gouvernement.
ou encore "le premier depuis longtemps à assumer son rôle d'évêque de Rome".
Donc on peut être charitable avec les journalistes mais je trouverai plutôt notre hôte trop gentil à dire "qu'ils demandent à être informés", cette recherche + écriture ne m'ayant pris que qq min, pour démontrer que l'opposition entre les 2 papes ne repose sur rien de fiable.
franz
[ PP à Franz - Attention : je n'ai pas écrit "ils demandent", mais "certains ne demanderaient",
ce qui n'est pas la même chose. ]
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Écrit par : franz / | 01/10/2013
JOURNALISTE
> Les journalistes français sont dans leur très grande majorité « bouffés » par l’idée qu’ils se font de leur devoir d’objectivité, qui doit revêtir à leurs yeux une tonalité forcément laïque, voire laïcarde. Pour le journaliste lambda, la religion c’est personnel, donc un élément de subjectivité dangereux. Et par conséquent, quand la foi chrétienne d’un journaliste est fragile ou insuffisamment nourrie, elle a vite fait de disparaître sous le vernis « de-l’objectivité-journalistique » (c’est bon ça, coco, « l’objectivité journalistique » !). L’inculture ambiante du milieu sur les questions de foi et de religion fait le reste, avec de surcroît un rien de « pose » chez certaines « plumes », qui vous expliqueraient certainement, si elles foraient un tantinet en elles-mêmes (mais ça s’apprend au confessionnal) : « Oui, j’ai parlé de dogme alors qu’il s’agit de doctrine, c’est vrai, je me suis trompé, j’ai pas fait dans la dentelle, mais ce faisant j’ai contenté mon rédac’chef et le patron du journal, j’ai montré que j’étais libre de tout préjugé et embrigadement dans ce domaine, j’ai parlé le langage de mes contemporains, etc. ». Relativisme, quand tu nous tiens… Bref, pour cette grande confrérie des scribouillards, dont je suis totalement solidaire en tant que secrétaire de rédaction, je dirais que la religion est la rubrique où la nullité et la lâcheté se conjuguent et se portent le mieux….
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Écrit par : Denis / | 01/10/2013
TRAVAIL AUPRÈS DES JOURNALISTES
> Patrice, vous parlez de faire un travail proactif auprès des journalistes. Est-ce que celui-ci est fait dans les diocèses, via des rencontres régulières formelles ou informelles ? Et surtout à Paris où un enjeu très spécifique est présent. Je suis convaincu qu'il y a la une manne car les journalistes ne pourraient que constater combien leurs idées sur l'Eglise sont en décalage avec la réalité, à condition bien sûr de ne pas leur envoyer une frange ultra minoritaire non représentative (que tristement ils connaissent, que ce soit Terras ou Escada).
L.
[ PP à L. - Le travail a été entrepris depuis plusieurs années, mais doit se systématiser et s'étendre. Il est difficile, puisque les médias ont le réflexe de préférer ce qui est caricatural (Escada), ou ce qui semble "média-copain", à ce que pensent et font réellement les catholiques. Mais c'est un travail nécessaire ! ]
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Écrit par : Ludovic / | 01/10/2013
SITE
> Il faudrait créer un site catho sous obédience à destination des journalistes où les questions objectives recevraient écoute attentive et réponse pertinente....????
F.
[ PP à F. - Mais s'il est "sous obédience", donc institutionnel, les journalistes s'en méfieront et n'auront pas recours à lui ! c'est la difficulté. ]
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Écrit par : franz / | 02/10/2013
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